Cette semaine, la lutte contre les méga-bassines, particulièrement celle de Sainte-Soline, revient sur le devant de la scène. Une enquête de Mediapart et Libération est sortie ce 5 novembre. Par un concours de circonstances, c'est aussi cette semaine que le documentaire de Vincent Verzat (Partager C'est Sympa) "Le VIVANT qui se défend" sort officiellement. Dans celui-ci, il y a également des images de la répression très violente à Sainte-Soline. Dans cet article, je vais parler spécifiquement de la manifestation du 25 mars 2023.

Je n'ai pas accès aux articles de Mediapart ou de Libération mais il y a plein d'autres ressources qui parlent du sujet, notamment :

C'est accablant. J'ai pas d'autres mots.

Avec le battage médiatique avant la manifestation et la qualification des militants comme des «éco-terroristes», «le gouvernement stigmatise et criminalise un mouvement social» ce qui «légitime ainsi l’emploi de la force sur tous·tes les manifestant·e·s, blessé·e·s ou observateur·ice·s et journalistes de façon indiscriminée, avant même que des actes de violence aient été commis par certain·ne·s». (rapport LDH, p.15)

D'après le Rapport de la LDH, la gendarmerie nationale a utilisé 5015 grenades lacrymogènes (grenades lacrymogènes et un nombre important de grenades GM2L qui sont également explosives), 89 grenades de désencerclement GENL, 40 dispositifs déflagrants ASSD et 81 tirs de LBD (LBD 40mm COUGAR 40 ou LBD 40mm GL-06 ? Les deux sont connus pour mutiler... Le site violencespolicieres.fr recense 621 victimes.)

«Autrement dit, en seulement deux heures ce sont plus de 5 000 grenades qui ont été utilisées contre les manifestant·e·s.» (p.81 du rapport de la LDH)

Il y a eu de nombreux blessés ce jour là. Du côté des manifestants, plus de 250 blessés décomptés officiellement. L'article de Contre Attaque parle de "Plus de 400 personnes ont été gravement blessées ce jour-là, deux avaient été placées dans le coma, et un grand nombre mutilées à vie." (Certains blessés n'ont pas osé aller se faire soigner par peur de la répression...) Ce décompte ne tient pas compte de ceux qui sont rentrés chez eux physiquement indemmes mais traumatisés.

Du côté de la police, le décompte est de 47 blessés même si le ministre de l'intérieur de l'époque a évoqué 60 blessés sur X. Dans les 47 policiers blessés, il y a 18 policiers qui ont dû recevoir des soins pour "traumatismes sonores". Quand on tire 40 grenades à la minute pendant deux heures, ça fait du bruit et ça abime les oreilles, effectivement...

Mais les manifestants étaient violents et déterminés, non ? C'est sûrement eux qui ont commencé ?

S'il y a effectivement une diversité assumée dans les modes d'actions des manifestants, la majorité de ceux-ci étaient pacifiques.

Il y avait trois cortèges (bleu, rose et jaune). Les gendarmes montés sont quads (PM21) sont venus au contact du cortège bleu à 12h35, ce qui a entrainé «quelques tirs de feux d'artifice» (qui sont arrivés loin des gendarmes). La réponse a été immédiate («quasi-simultanée»), le cortège bleu a été gazé abondamment. «Le comportement du PM2I lors de cette première rencontre avec les manifestant·e·s ne peut en aucun cas être assimilé à une tentative de désescalade.» «L’engagement de la force a bien été décidé à l’encontre de deux cortèges calmes et pacifiques, le rose puis le jaune, et ce sans aucune sommation.» (rapport de la LDH, p.71)

completement d'enquête

Les pages 87 à 120 détaillent les blessures subies par les manifestants et les problèmes concernants la prise en charge des blessé·e·s. Je ne vais pas détailler cette partie. Il y a des images. C'est pas joli à voir...

J'essaye de conclure cet article et je ne sais pas par où commencer. Il y a certes eu de la violence du côté des manifestants envers les forces de l'ordre (jets de pierre, cocktails molotov, feux d'artifice, ...) mais la réponse parait totalement disproportionnée. La volonté de blesser, visible dans les vidéos diffusées par Médiapart, me parait accablante. Entendre un gendarme dire qu'il a attendu 10 ans pour vivre ça, ça pose d'énormes questions.

Le dispositif policier a coùté 5 millions d'euros... Tout ça pour quoi? Que se serait-il passé s'il n'y avait pas eu de policiers? Les manifestants auraient rebouché le trou avec leurs petites mains? En plus, la justice a fini par suspendre l'autorisation de la mégabassine de Sainte-Soline.

Je trouve ça très inquiétant que les luttes écologiques soit autant criminalisées. Il y a sans doute un paquet de gens qui n'ont pas intérêt à ce qu'on change de modèle et qui sont prêts à se battre (ou plutôt, à envoyer les forces de l'ordre se battre pour eux...) pour préserver le statu quo. Et c'est désolant. Je reste persuadé qu'à part ceux qui profitent allègrement du système capitaliste, la grande majorité des humains a intérêt à ce qu'on change et qu'on prenne en compte très sérieusement l'écologie dans nos modes de vie.

Sources :

Il y a ce rapport très poussé sur le site de la Ligue des droits de l'Homme :

J'ai aussi trouvé un mémoire sur le traitement médiatique de Sainte-Soline :